ALGER,Sans le savoir
Tes mille faveurs, je ne les voyais guère
Si je t'aimais,c'était sans le savoir
J'étais heureuse divinement
Si protégée si entourée
mais ces joies-là que tu m'offrais
je les avais sans le savoir
Aujourd'hui,elles me sont retirées
Aujourd'hui seulement je sais
Combien riche je suis
de ces joies d'antan.
Peut-être le bonheur présent n'existe pas
Mais j'ai toute cette douceur triste du souvenir
Et je te remercie ALGER
Un peu trop tard ,pardonne moi
De mes grandes joies.d'autrefois
Nostalgérie
Titre en hommage à mon cousin Jacques Derrida, créateur inspiré du néologisme.
Vous pourrez en parcourant mon site y trouver des fragments de textes, des pages de mon journal d'adolescente, des photos, des poèmes tout cela rédigé de façon aléatoire, et inspiré par mon enfance en Algérie.
samedi 25 août 2012
jeudi 23 août 2012
Tout, vraiment tout…Mais ….!
Tout, vraiment tout…Mais ….!
Tous
les français d’Algérie qu’on nomme sans grande précision « pieds noirs »,
ont depuis leur installation en France, évoqué leur terre natale avec une
grande nostalgie
.
Beaucoup
d’entre eux pourtant n’y avaient pas eu une enfance facile !), mais, en
dépit de leurs grandes difficultés, souvent familiales, des écrivains tels qu’
Albert Camus, que Marie Cardinal, ou Hélène Cixous,( et il y en a eu bien
d’autres ont affirmé qu’ils y étaient heureux, sur cette terre miraculeuse
bleue, or, mordorée, mure, chaude, pleine de lumière…
Et là, j’avais sous les
yeux, à portée de main, toutes sortes de documents qui révélaient que tout
concourait à réserver à l’ enfant, puis à la jeune algéroise que j’étais, une
jeunesse idéale, dans un décor
d’exception, fait d’une nature encore préservée, propres à l’Algérie de cette
époque.
Alors,comment
avait-elle pu ne pas s’ y sentir
heureuse ?
Pourquoi n avait-elle eu de cesse de
la quitter dès l’âge de 20 ans ? !
J’ai exhumé d’anciennes
photographies, je les ai disposées dans un ordre platement chronologique dans
l’espoir de comprendre
documents retrouvés en dépit des changements de
lieux : deux cahiers datés de 1952 et 1953 dits « journal intime » et
surtout une série classée de lettres écrites de Paris les mêmes années et
envoyées aux siens restés à Alger jusqu’en 1959. Quels signes , au hasard des lignes et des
mots, pourront éclairer ses obscures
mais bien réelles motivations ?
Voici par exemple un extrait du
Cahier 1, daté du 11 novembre 1952, deux jours avant son départ à Paris où elle
devait continuer à poursuivre sa licence
de philosophie à l’Université
Adieu
lyrique à sa terre natale
Je vais tout quitter, ma ville, ma
vie et mes amis et ..moi-même !
Jeudi, j’abandonne tout et je pars pour une nouvelle vie
_Oui, ma rue dix mille fois arpentée
l’ennui au cœur,, ou vibrante et heureuse, tantôt lasse,, parfois joyeuse, jamais tout à fait présente
Alger chérie ,
Douce ville fade
Douce ville fade
Déjà un peu étrangère
Déjà ?
Oui , je dis au revoir à tous ces bons moments :les heures exaltantes aux cours de Jules Chaix-Ruy, l’ambiance familière de la bonne
bibliothèque,…les stimulants dialogues lors des leçons particulières de philosophie de Jean Czarnecki, dit "le Tzar",sa voix grave et posée, sa bonté intelligente qui s'exprimait en un fin sourire
Héliette, l'irremplaçable compagne et sa vitalité communicative Nous nous exaltions ensemble mais elle savait d'un mot rétablir l'équilibre, quand mes divagations utopiques m'éloignaient du monde réel
Héliette, l'irremplaçable compagne et sa vitalité communicative Nous nous exaltions ensemble mais elle savait d'un mot rétablir l'équilibre, quand mes divagations utopiques m'éloignaient du monde réel
Mon romantique « îlot de
Guyotville » aujourd’hui tout calme et triste, ruisselant de pluie, tout
en pleurs, îlot fouetté et déchiqueté
par les vents furieux, les tempêtes et la mer déchaînée , mais chaque été, au
temps de mon premier amour , inondé de soleil .entouré de flots lisses et
translucides, dans les clapotis et roulis des vaguelettes, sous les caresses de
la brise marine, calmant les brûlures d’un rayon.
Ilot ! Ilot cher à mon cœur, où
j’ai connu mes premiers émois : magie du jazz de la danse,
minutes de plénitude, Une silhouette chère, un être aimé, un tempo lent
qui vous projette hors du temps, hors des désirs, de l’attente, des espoirs ou
des regrets: enchantement d’une réalité qui surpasse en poésie le rêve, instants
magiques, rythmes qui scandent les moments heureux,puis les heures les plus
malheureuses de cette tranche de vie
Au revoir ! Je vous quitte pour 6 mois !
Demain, peut-être, je serai autre, je pars vers d’autres rives Adieu, poésie et charme de ma chambre
précieuse et vieillote,
Et vous père et
mère si chéris, comme je vais mieux vous aimer à Paris !
Au clair de café noir
Quand tu viendras chez moi, je te
prendrai la main et te mènerai par la route qui descend vers l’ILOT .Nous passerons
devant une austère maison à 2 étages, en face du garage où l’on tourne vers la
mer. « Vois-tu cette fenêtre à barreaux au rez-de-chaussée ?
Parfois le matin, quand j’allais en bicyclette acheter le pain,je voyais avec émotion une tête brune penchée sur un cahier :
Plus tard, pour m’amuser, j’ai inscrit son nom et le mien dans le couloir. Aujourd’hui , il n’en reste que pierres muettes et froides
Plus tard, pour m’amuser, j’ai inscrit son nom et le mien dans le couloir. Aujourd’hui , il n’en reste que pierres muettes et froides
Quand tu viendras chez moi, nous longerons les petites villas qui bordent
l’unique route .nous verrons Josette, au pas de sa porte, mon amie depuis le
début, compagne de mes premiers émois dont le frère, pianiste autodidacte me
fit découvrir les rythmes importés des U.S.A.
Pour la petite bande de ce lieu de
villégiature, je fus une jeune fille curieusement grave et coquette à la fois…
Nous nous arrêterons devant notre petite maison ocre et verte qui n’est que parfum de vacances, avec son jardin , sa douche en plein air , sa grande vérandah aux fresques couleur sépia peintes à même les murs par un ami artiste(jean Ainault) et évoquant un débarquement idyllique à Papeete),où tant de séances de ping- pong avaient amusé toutes les générations, y compris un chat et un crapaud apprivoisé.
Puis,nous arriverons devant la
petite plage allongée en face d’un îlot rocheux et bordée à l’Ouest par la
sombre presqu’île de Ras Acrata si belle au soleil couchant.
Juste en face tu verras « La Péniche », avec sa terrasse, lieu de
rendez-vous général ouvert sur la mer. Là les parents venaient se délasser
après les chaudes journées laborieuses et retrouver leurs progéniture occupée à
jouer aux cartes au soleil de 3 heures en été, ou à écouter la superbe
collection de nouveaux disques collectés par Dédé, le fils du patron. Nous
gravirons les quelques marches et nous regarderons ensemble à travers les vitre
embuées d’humidité que la pluie et le vent de Septembre sbattaient
tristement quand c’était si chaud et gai
de savourer en musique les dernières heures de vacances avant la redoutable
rentrée.
Je te prendrai la main et nous longerons cette petite route en lacets qui,
après la presqu’île surplombe dangereusement les falaises et la mer Nous descendrons jusqu’au port de la
Madrague : un vrai petit port de pêcheurs comme tout le monde en rêve, tranquille avec ses petits bateaux de plaisance
et ses barques colorées
En plein soleil, mes amis seraient
sur leurs voiliers ,au bout de la jetée, prêts à partir, et nous embarqueraient pour nous déposer sur la plage
voisine ,ou bien ils nous entraîneraient dans une folle virée sur leurs
hors-bors bondissants.
Puis le soir, quand le vent tombe, que la mer se fige et luit doucement, c’est
au retour des pécheurs que nous assisterons,
devant la rituelle kémia arrosée d’anisette.
Et quand tu auras goûté la paix de nos soleils couchants et le reflet
joyeux sur l’eau des loupiotes de navires
blanches et rouges.
Quand tu te seras assis sous l’arbre frais du petit jardin où je lisais si souvent et que nous aurons humé le poivre des
œillets rouges
Quand nous aurons plongé et ruisselé mille fois, alors seulement avec toi, je pourrai vraiment
dire adieu à toutes ces choses aimées. Tu me prendras la main et tu m’emmèneras
au-delà de la mer
mercredi 22 août 2012
De la Grèce ..à l'îlot...
De la Grèce….à l’Ilot
Voilà un saut en Grèce qui me ramène
encore à l’Algérie , à ma terre natale, et surtout à ce coin de bord de mer où
nous eûmes, bien à nous pour une fois, une petite maison de vacances,
pour quelques années…
Nous
y avions atteint pour un temps limité, comme une apogée de bonheur de vivre,
fait d’ingrédients délicieux: mer, pèche, bateaux, musique, danse, amis,
tendresse…
Et
puis, trop vite, le microcosme au sein duquel nous vivions en parfaite harmonie
s’est dispersé.
C’est alors que nous avons osé prendre la décision brusque de
nous retirer aussi.
Comme si le rideau ne pouvait que tomber sur un décor
planté là, avec des acteurs de passage,
le temps d’une comédie légère, finissant en tragi-comédie.
le temps d’une comédie légère, finissant en tragi-comédie.
Aujourd’hui, à Niphoreika, je viens de
rencontrer un grec, prénommé Ilias, natif de Kato’Achaïa, fier descendant des
Achéens, qui vit depuis toujours dans sa bourgade natale, malgré ses
longues études à Athènes. Il a choisi d’y demeurer, d’y faire restaurer sa
vieille maison et je le comprends. C’est une petite ville pauvre, mais les
côtes voisines recèlent des beautés encore sauvages,
inestimables à ses yeux.
Est-ce par héritage de
cette sagesse grecque dont il semble à peine se souvenir qu’il reste attaché viscéralement à la maison de ses
pères ?
Alors
qu’insouciante de mes liens à ma terre natale, je l’ai quittée, comme une nomade, sans même le désir
précis d’y revenir, même pas dans mes vieux jours comme Ulysse à Ithaque ;
Tout
cela….
Posée au bord d’un
chemin de plage, une petite maison ocre et verte .
Pour un temps limité, elle a
été comme le seul lieu vraiment
nôtre
Nous y avons débordé de joies
telles que celles-là, pour mon père, ses joies totales
:au bout de
2 kilomètres de route en corniche: son bateau, la pêche, en compagnie du jeune aristocrate bizarre
les
retours de pêches miraculeuses au port de la Madrague, proche de la plage aux eaux limpides
Maroc, le gardien mystérieux au grand
rire qui offrait le thé à la menthe, versé de très haut dans
ses verres colorés
et cela encore, la table de ping-pong
où se livraient des parties fulminantes,dans un décor sépia
de fresques polynésiennes
mon crapaud apprivoisé, le moineau sauvé qui ne me quittait plus
et cela aussi l’arrosage du jardin et
des corps ruisselants d’eau de mer,
et
les bons vieux amis qui débarquaient chaque dimanche
Et pour moi : à trois cent
mètres, la Péniche, et nos premiers émois
orchestrés par de somptueux standards de jazz New Orléans qui invitaient aux swings hors d’haleine suivis de tendres blues ,
et cela encore, plus loin, au
détour d’audacieuses courses à moto, l’étonnante vision de dunes sauvages glissant vers des mirages
bleutés.
Par
tout cela, vécu dans les réseaux serrés d’amitiés tissées au fil du temps
j’appartenais
à ces lieux, et ils m’appartenaient pleinement…
Mais
non !
car tout cela
ne fut que prêté pour un temps
bel
et bien révolu..
mardi 21 août 2012
Algérie, terre natale
Alger, ma ville
Immergée dans les délices amniotiques de ton
environnement généreux,
mer et sables fins à ma gauche, montagnes et neiges
hivernales à ma droite,
entre-deux, des visages, beaucoup de visages, aimants,
aimés ou séducteurs,
des chemins mille fois arpentés, des parcs et jardins de
ville, des scintillements nocturnes, des quartiers inaccessibles…
je n'avais pas su
que tu étais mienne, toi, ma ville natale
et, malgré tous
les attachements que j'ai pu éprouver depuis pour d'autres lieux ...
irremplaçable !
Or, c'était l'évidence même ...Mais étrangement, la
petite algéroise n'avait pas pris conscience
d'avoir son terroir, là, sous les pieds et n'avait pas prévu qu'elle ne se sentirait sans doute jamais
aussi totalement chez elle qu'en ces lieux-là.
d'avoir son terroir, là, sous les pieds et n'avait pas prévu qu'elle ne se sentirait sans doute jamais
aussi totalement chez elle qu'en ces lieux-là.
Tout s'était passé
comme si elle avait vécu en union fusionnelle avec sa terre natale, celle de
ses parents, de ses grands et arrière - grands- parents, sans parler de cette
lignée d'ancêtres dont elle n'avait même pas songé à étudier la généalogie,
elle n'avait jamais mis entre son pays et elle cette
indispensable distance qui permet de prendre la mesure d'un attachement!
Loin de mesurer le privilège insigne de
demeurer sur ses terres natales ,et de savourer tous les bonheurs que celles ci
pouvaient dispenser, elle se transportait en imagination
vers l'autre rivage de la Méditerranée, et toutes ses aspirations allaient vers l'autre
patrie, si belle, et prestigieuse.
vers l'autre rivage de la Méditerranée, et toutes ses aspirations allaient vers l'autre
patrie, si belle, et prestigieuse.
C'est ainsi que
j'ai pris les devants: avant que la guerre d'Algérie se laisse
prévoir: je l'ai quittée la première, je l'ai trahie, mon irremplaçable, avant qu'elle
ne me trahisse.! J'ai laissé mes rivages brodés de flots d'azur pour une terre
d'élection; ce fut Paris. Mais je ne dirai pas, comme Andersen de sa Petite Sirène,
que chaque pas loin de ma mer d'origine me causait une secrète souffrance.
prévoir: je l'ai quittée la première, je l'ai trahie, mon irremplaçable, avant qu'elle
ne me trahisse.! J'ai laissé mes rivages brodés de flots d'azur pour une terre
d'élection; ce fut Paris. Mais je ne dirai pas, comme Andersen de sa Petite Sirène,
que chaque pas loin de ma mer d'origine me causait une secrète souffrance.
Algérie, tu restes
aujourd'hui ma terre natale méconnue, mal aimée, et je
voudrais racheter
mon attitude légère, insouciante, en te faisant un instant revivre
par les mots
par les mots
Territoire perdu,
ou plutôt abandonné volontairement? Pour m'évader de ce
que j'appelais ma cage dorée, et peut-être aussi pour échapper à un malaise
diffus, provoqué par les oscillations continuelles, dans les attitudes et les propos,
entre les démonstrations paternalistes et les marques de dédain, ou d'hostilité
envers nos frères défavorisés. Par attrait aussi pour notre Douce France ...
que j'appelais ma cage dorée, et peut-être aussi pour échapper à un malaise
diffus, provoqué par les oscillations continuelles, dans les attitudes et les propos,
entre les démonstrations paternalistes et les marques de dédain, ou d'hostilité
envers nos frères défavorisés. Par attrait aussi pour notre Douce France ...
Nul doute que notre
vénérable lycée Delacroix qui m'a façonnée de six à dix
huit ans avait parfaitement réussi une de ses missions essentielles : inculquer à
tous les enfants d'Outre Mer l'idée ou plutôt le sentiment d'appartenance à une
patrie, une seule :la France Si bien qu'en quittant mon Algérie natale, je crus
vraiment rejoindre ma patrie idéelle, plus vraie que nature ...
huit ans avait parfaitement réussi une de ses missions essentielles : inculquer à
tous les enfants d'Outre Mer l'idée ou plutôt le sentiment d'appartenance à une
patrie, une seule :la France Si bien qu'en quittant mon Algérie natale, je crus
vraiment rejoindre ma patrie idéelle, plus vraie que nature ...
Et elle le fut,
patrie d'adoption, elle tenait ses promesses, je m'y sentis chez
moi, aujourd'hui, je suis une citoyenne française sans équivoque, une européenne
pressée de voir les grands projets de l'union européenne s'accomplir, désireuse
moi, aujourd'hui, je suis une citoyenne française sans équivoque, une européenne
pressée de voir les grands projets de l'union européenne s'accomplir, désireuse
même de prendre part à ces
transformations.
Alors, mon Algérie ?
Alger,
tu es mon paradis perdu, trahi… et les êtres qui m'entouraient là-bas ne sont
plus ici près de moi pour m'aider à fredonner le refrain des noms propres de
mon enfance, ceux qu'on ne prononce plus: ces noms portés par les voix chères
aux sonorités lointaines, dans un halo de tendresse. .
La place Bugeaud, où je suis née, au-dessus du bar Novelty,
devenue Place
d'Ysly, la rue de Tanger, et ses « moutchous », le square Bresson et ses petits ânes
.la colline de Notre Dame d'Afrique où vivaient mes grands parents, le lycée
Delacroix, fréquenté assidûment depuis la «onzième» jusqu'au baccalauréat,
d'Ysly, la rue de Tanger, et ses « moutchous », le square Bresson et ses petits ânes
.la colline de Notre Dame d'Afrique où vivaient mes grands parents, le lycée
Delacroix, fréquenté assidûment depuis la «onzième» jusqu'au baccalauréat,
-la rue Michelet, la Faculté des Lettres, le bar de
l'Otomatic, la rampe de l'Amirauté,
Bab el Oued, la salle Pierre-Borde, la rue Bab' Azoun, le Tantonville, le casino de
l'hôtel Aletti, Hydra, El biar, le Telemly les tournants Rovigo, Saint Eugène et ses
cabanons sur pilotis, les Deux Moulins..
Bab el Oued, la salle Pierre-Borde, la rue Bab' Azoun, le Tantonville, le casino de
l'hôtel Aletti, Hydra, El biar, le Telemly les tournants Rovigo, Saint Eugène et ses
cabanons sur pilotis, les Deux Moulins..
Tous ces noms si familiers, j'ose aujourd'hui les faire
résonner en échos dérisoires,
après un si long
silence.
Douce Algérie, terre prodigue! De la mer encore
intacte, aux plages presque
désertes,
à la neige vierge de
toutes installations mécaniques jusqu'aux forêts
inexplorées, aux gorges sauvages couvertes de fleurs rares, tu nous dévoilais tes
secrets à profusion, tu nous offrais généreusement ces joies dispensées par une
nature intacte et j'en usais avec une insouciance qui provoque aujourd'hui mes
remords.
inexplorées, aux gorges sauvages couvertes de fleurs rares, tu nous dévoilais tes
secrets à profusion, tu nous offrais généreusement ces joies dispensées par une
nature intacte et j'en usais avec une insouciance qui provoque aujourd'hui mes
remords.
Mer
natale
Terre natale ou plutôt «mer natale ».
Humaine privilégiée parce qu'issue de terres maritimes, j'ai
pu éprouver comme une nature amphibie originelle, ressentir une plénitude
physique, un bonheur total à nager dans tes eaux limpides et tièdes.
Je m'y sentais à ma vraie place, crawlant inlassablement, plongeant et remontant à
la surface sans relâche.
Je m'y sentais à ma vraie place, crawlant inlassablement, plongeant et remontant à
la surface sans relâche.
Certains rochers
au large de mes plages habituelles, offraient un but aisément accessible
à nos équipées nautiques. Je ne pourrai
oublier l'un d'eux, à la Pointe Pescade,
où j'ai passé
plusieurs étés de mon enfance: massif, escarpé, en forme de tête de chien,
il s'étendait à cent mètres du bord sur une
quarantaine de mètres et nous le contournions
souvent en barque
ou en périssoire, avant de nous diriger beaucoup plus loin au Nord Est, vers «
les Deux Ilots » longues roches parallèles un peu inquiétantes entre
lesquelles il nous arrivait de ramer par temps calme sur nos légères
embarcations.
Mais c'est vers "la Tête de Chien" que, plusieurs
fois par jour, avec mes
petites amies de plage ou mon cousin Charley, nous rivalisions de vitesse, avec d'exigeants critères de perfection dans le style, tous types de nage successivement adoptés.
Bien que ses abords fussent infestés d'oursins, nous savions les escalader
aisément. Je me souviens d'une certaine anfractuosité polie par les vagues et les
vents marins où je pouvais me lover aussi agréablement que dans un cocon
soyeux, j'y recevais les caresses solaires qui me réchauffaient après de longs ébats
marins, puis je repérais avec soin mon lieu de plongeon; car il fallait, du sommet
du rocher où nous nous élancions tête la première, presque à la verticale, viser la
mince étendue de sable blanc entourée de. roches et d'algues traîtresses: ces
fonds n'avaient plus de secret pour nous et nous savions exactement quel trajet
suivre pour revenir vers le bord en évitant une fois de plus les longues algues enchevêtrées qui recouvraient des rocailles, des anémones de mer ou d'autres
bêtes plus visqueuses ou piquantes.
petites amies de plage ou mon cousin Charley, nous rivalisions de vitesse, avec d'exigeants critères de perfection dans le style, tous types de nage successivement adoptés.
Bien que ses abords fussent infestés d'oursins, nous savions les escalader
aisément. Je me souviens d'une certaine anfractuosité polie par les vagues et les
vents marins où je pouvais me lover aussi agréablement que dans un cocon
soyeux, j'y recevais les caresses solaires qui me réchauffaient après de longs ébats
marins, puis je repérais avec soin mon lieu de plongeon; car il fallait, du sommet
du rocher où nous nous élancions tête la première, presque à la verticale, viser la
mince étendue de sable blanc entourée de. roches et d'algues traîtresses: ces
fonds n'avaient plus de secret pour nous et nous savions exactement quel trajet
suivre pour revenir vers le bord en évitant une fois de plus les longues algues enchevêtrées qui recouvraient des rocailles, des anémones de mer ou d'autres
bêtes plus visqueuses ou piquantes.
Cette connaissance intime des lieux
marins, qui offrait une jouissance faite
de familiarité confiante à nos jeux enfantins les plus audacieux, je ne l'ai plus
jamais éprouvée par la suite.
de familiarité confiante à nos jeux enfantins les plus audacieux, je ne l'ai plus
jamais éprouvée par la suite.
Plages
d’or pâle
Je dis Algérie, et c'est d'abord à vous
que je pense, ô mes plages d'or pâle,
avec vos silences paradisiaques, à peine rythmés par les clapotis de mer calme
surtout par ces matins d'été torrides que j'adorais.
avec vos silences paradisiaques, à peine rythmés par les clapotis de mer calme
surtout par ces matins d'été torrides que j'adorais.
Je me souviens. Dès notre arrivée de la
ville étouffante, nous déposions
nos vêtements avec une désinvolture
étudiée sur le sable brûlant.
La surface de l'eau,
lisse comme celle d'un lac, était à peine troublée par nos brefs plongeons.
Extase asexuée des corps,
libérés de toute entrave, rafraîchis et pénétrés par cette amante fluide.
libérés de toute entrave, rafraîchis et pénétrés par cette amante fluide.
Nous rasions lentement les fonds, écrasés avec volupté par
cette fraîche masse,
souffles retenus jusqu'à la suffocation., retardant le moment d'émerger et
d'accomplir enfin l'interminable nage qui scellerait un accord parfait avec
l'élément. originel retrouvé.
souffles retenus jusqu'à la suffocation., retardant le moment d'émerger et
d'accomplir enfin l'interminable nage qui scellerait un accord parfait avec
l'élément. originel retrouvé.
Pourquoi vous ai-je tant aimées, plages
jonchées de coquillages ( hélas, nous
avons laissé ma boîte de collection!) dont je recherchais longuement des
spécimens minuscules, rares et colorés. Je me souviens de l'odeur iodée si forte
des monticules d'algues déposées par les vagues mauvaises, et des racines
blanchies aux formes tourmentées, sur ces plages modestes ou longues, souvent
presque désertes parce qu'éloignées d'Alger ,comme la plage Moretti ou celle de
Zéralda, célèbre lieu du débarquement des troupes alliées
avons laissé ma boîte de collection!) dont je recherchais longuement des
spécimens minuscules, rares et colorés. Je me souviens de l'odeur iodée si forte
des monticules d'algues déposées par les vagues mauvaises, et des racines
blanchies aux formes tourmentées, sur ces plages modestes ou longues, souvent
presque désertes parce qu'éloignées d'Alger ,comme la plage Moretti ou celle de
Zéralda, célèbre lieu du débarquement des troupes alliées
Plages ... mer. .. Pourquoi étais je en
si profonde connivence avec vous, sous
le ciel noyé de lumière? Me débarrassais-je de mes carcans de jeune bourgeoise
pétrie d'interdits, libérée de tout rite social, de toute tenue vestimentaire
révélatrice de mon appartenance familiale, le corps illusoirement rendu à une
liberté naturelle? Oui, peut-être dans l'enfance ...
le ciel noyé de lumière? Me débarrassais-je de mes carcans de jeune bourgeoise
pétrie d'interdits, libérée de tout rite social, de toute tenue vestimentaire
révélatrice de mon appartenance familiale, le corps illusoirement rendu à une
liberté naturelle? Oui, peut-être dans l'enfance ...
Snobisme estival
Mais plus tard, il faut le dire, le
charme fut en partie rompu: les signes
d'appartenance devaient se reconstituer sur certaines plages telles que la
Madrague ou Fort-de-l'eau où il était bien vu d'arriver en tenues apparemment
confortables, mais en fait d'un avant-gardisme très étudié, les premiers jean
faisant leur apparition ainsi que les shorts ultra courts, les spartiates et les bikinis
Un sport courant, le ski nautique qui impliquait l'usage de hors-bords ou de
Chris-Craft, se pratiquait déjà et même les premières planches de surf faisaient
leur apparition. Quant aux voitures décapotables style «Bonjour tristesse », elles
rivalisaient de vitesse entre la Madrague et la ville : les pères participant souvent à
ces compétitions spontanées avec leurs Traction-Avant.
d'appartenance devaient se reconstituer sur certaines plages telles que la
Madrague ou Fort-de-l'eau où il était bien vu d'arriver en tenues apparemment
confortables, mais en fait d'un avant-gardisme très étudié, les premiers jean
faisant leur apparition ainsi que les shorts ultra courts, les spartiates et les bikinis
Un sport courant, le ski nautique qui impliquait l'usage de hors-bords ou de
Chris-Craft, se pratiquait déjà et même les premières planches de surf faisaient
leur apparition. Quant aux voitures décapotables style «Bonjour tristesse », elles
rivalisaient de vitesse entre la Madrague et la ville : les pères participant souvent à
ces compétitions spontanées avec leurs Traction-Avant.
Mais ces raffinements de privilégiés étaient circonscrits à
quelques établissements
balnéaires proches de la capitale. Les rivages plus éloignés, et ils étaient
nombreux, je pense à Surcouf, à Aïn- Taya, Sidi ferruch , au Cap Matifou et à tant
d'autres lieux, échappaient à ces tentations de snobisme citadin et gardaient leur
charme sauvage.
balnéaires proches de la capitale. Les rivages plus éloignés, et ils étaient
nombreux, je pense à Surcouf, à Aïn- Taya, Sidi ferruch , au Cap Matifou et à tant
d'autres lieux, échappaient à ces tentations de snobisme citadin et gardaient leur
charme sauvage.
Etranges absences
Se pose alors la question de savoir
pourquoi les « Indigènes »de ce pays ne
venaient jamais sur leurs propres plages, pourquoi leurs enfants ne s'ébattaient
pas dans ces eaux tièdes et tentantes :Etait-ce le port du voile, l'aversion pour le
bronzage qui accentuerait ce teint brun trop caractéristique, ou la gêne d'avoir,
eux souvent si pauvres, à être les témoins des plaisirs défendus d'heureux oisifs?
Ces motifs suffisaient à expliquer leur étrange absence de ces plages pourtant
publiques et il n'était pas nécessaire de planter dans le sable des pancartes
analogues à celles qui étaient affichées devant bien des lieux publics en Europe:,
une décennie plus tôt, pour que mes compatriotes arabes évitent d'eux-mêmes un
ostracisme prévisible.
venaient jamais sur leurs propres plages, pourquoi leurs enfants ne s'ébattaient
pas dans ces eaux tièdes et tentantes :Etait-ce le port du voile, l'aversion pour le
bronzage qui accentuerait ce teint brun trop caractéristique, ou la gêne d'avoir,
eux souvent si pauvres, à être les témoins des plaisirs défendus d'heureux oisifs?
Ces motifs suffisaient à expliquer leur étrange absence de ces plages pourtant
publiques et il n'était pas nécessaire de planter dans le sable des pancartes
analogues à celles qui étaient affichées devant bien des lieux publics en Europe:,
une décennie plus tôt, pour que mes compatriotes arabes évitent d'eux-mêmes un
ostracisme prévisible.
1 ~ Méconnaissances
En fait, notre intérêt à leur égard comportait des
intermittences étonnantes:
C'est ainsi qu'au lycée, nous n'avons pas eu à apprendre
la langue qui était parlée
par l'immense majorité des habitants du pays. Et nos professeurs avaient omis de
nous mettre en appétit pour rechercher les clés de leur histoire.et d’un passé bien plus lointain
par l'immense majorité des habitants du pays. Et nos professeurs avaient omis de
nous mettre en appétit pour rechercher les clés de leur histoire.et d’un passé bien plus lointain
Dommage! Nous aurions pu scruter, au
large du port d'Alger, les îlots qui
ont donné leur nom à la ville barbaresque :El Djezaïr, ainsi que les débris du fort
espagnol détruit en1529 par les corsaires turcs, Aroudj et Keireddin Barberousse,.
Le meurtre du cheikh, Selim el Teumi, gouverneur d'Alger, par ceux- là mêmes
qu'il avait appelés en renfort, inaugurait trois siècles de domination turque.
Apprendre que notre ville avait alors fondé essentiellement ses richesses sur la
piraterie officialisée, que les équipages et les passagers des vaisseaux chrétiens
pillés sous divers prétextes étaient envoyés au bagne où réduits en esclavage, que
certains de ces captifs avaient renié leur foi pour être libérés et étaient devenus
deys, m'aurait certainement transformée en observatrice attentive à toutes les
traces d'un passé complexe et fascinant!
ont donné leur nom à la ville barbaresque :El Djezaïr, ainsi que les débris du fort
espagnol détruit en1529 par les corsaires turcs, Aroudj et Keireddin Barberousse,.
Le meurtre du cheikh, Selim el Teumi, gouverneur d'Alger, par ceux- là mêmes
qu'il avait appelés en renfort, inaugurait trois siècles de domination turque.
Apprendre que notre ville avait alors fondé essentiellement ses richesses sur la
piraterie officialisée, que les équipages et les passagers des vaisseaux chrétiens
pillés sous divers prétextes étaient envoyés au bagne où réduits en esclavage, que
certains de ces captifs avaient renié leur foi pour être libérés et étaient devenus
deys, m'aurait certainement transformée en observatrice attentive à toutes les
traces d'un passé complexe et fascinant!
Ces mots tracés naïvement, peu avant de quitter ma ville
« Alger tiède et jolie, qui gâte tant qu'elle ennuie
Douce ville fade, déjà un peu
étrangère, déjà?
Tu scintilles, telle un diamant de
pacotille »
témoigne de ma
méconnaissance, à l'époque, de son dur passé barbaresque,
avec ses violences, qui devaient en préfigurer bien
d'autres.
Notes pour un
album d’images
de la Bouzaréa, magnifique belvédère à 400 mètres au-
dessus d’Alger, descendent de nombreux sentiers .L’un d’eux traverse la
forêt de Baïnem, parfumée de pins ,
d’eucalyptus, de chênes-liège avec ses clairières recouvertes au printemps de
cyclamen, de cistes et de mille fleurs sauvages lieu privilégié de balades et de pique-nique avec nos chers
amis Jean et Marinette Bernot et leur
fils Jacques.
Celui du « frais Vallon » aboutit
au « Beau Fraisier » où s’élevait un vieux palais turc converti
en maison de repos pour enfants J’y avais séjourné à 7 ans après une primo infection et l’on m’y soignait
en me faisant absorber d’écoeurantes gorgées de sang de cheval..
Eblouie par une certaine Maryse, adolescente qui
s’élançait d’un bosquet à l’autre et disparaissait au détour des chemins, je
quittais chaque jour à regret le parc et
ses jeux
pour de longues séances de pose avec la directrice,
mademoiselle Bosserdet, artiste-peintre qui exécutait mon portrait dans un
salon luxueux et feutré où le soleil filtrait à travers les stores
Les gorges de la Chiffa sont une des curiosités de la région avec son
Ruisseau des Singes
J’ai une photographie où l’un d’eux, juché sur l’épaule de mon père ouvrait des
cacahuètes sur son
crâne !
Cherchell, et, toute proche, immortalisée par
Camus , Tipaza et son amphithéâtre romain furent mon théâtre de jeux durant mon unique et mémorable
colonie de vacances :nous y avions préparé
un spectacle joyeux fortement inspiré
par le récent débarquement anglo- américain ;
La plage du Chenoua avec, en
toile de fond ,le mystérieux « Tombeau de laChrétienne »,en
fait tombeau royal maurétanien fut une de nos plages préférées
:
La station de Chréa, bien enneigée
l'hiver, plantée de cèdres, de chênes
verts, où de jeunes marchands proposaient des oranges fraîches au bas des pistes
verts, où de jeunes marchands proposaient des oranges fraîches au bas des pistes
lieu de mes débuts en ski, et plus tard
la belle station de Tikjda, encore dépourvue de remontées mécaniques, où le
professeur Mandouze organisait des stages pour ses étudiants
Et tant d'autres noms, portés par la
voix de ma mère, à moi seule adressés,
et ressassés avec un lyrisme joyeux :
Hammam Meskoutine dans le Constantinois, station thermale avec
sa cascade aux imposants amas calcaires et ses eaux si brûlantes qu’ on s’amusait à y cuire des œufs
, Le grand hôtel d'Hammam Rhira, d'un
charme idyllique, la plaine de la Mitidja, ou avec une pointe d'inquiétude nous
traversions Bordj-Bouarreridj et les sévères gorges de Palestro, sur la route
de Constantine.
Parfois des noms tels que MouzaÏaville
... Birmandrès ... ,Hammam Melouan ... m'évoquent des expéditions floues, où je
me laissais emmener,enjouée ou rêveuse, passive car privée
du plaisir de toute participation à l'organisation
des voyages.
Installée à l'avant de la voiture,
entre les deux sièges, ma position bien qu'incommode,
m'offrait la possibilité palpitante de tenir
le volant. Mais j'ai dû subir, par exemple,
la découverte du "Bou zegza ", et ce
petit bout du monde nem'a laissé d'autre souvenir
que son nom curieux.
Teniet el Haad, ce mot sonne doux à
la mémoire, c'était ... , c'était. .. Oui !
Je revois un site en altitude ,avec une forêt de très vieux
cèdres, en flou un
campement d'officiers de réserve, au début de la guerre, mon père en uniforme,
campement d'officiers de réserve, au début de la guerre, mon père en uniforme,
un attroupement de
jeunes médecins inoccupés , empressés à soigner
mon genou écorché.
Miliana
Ah! Miliana ! où
nous étions réfugiées le temps d'une année de guerre, dans un petit appartement. Mon père y avait un cabinet dentaire secondaire où il exerçait le mardi et vendredi
. Cette
ville offrit à la petite citadine « dénaturée » un terrain
propice aux observations «naturalistes» avec son avenue bordée de mûriers
séculaires sur lesquels se déplaçaient
des processions de vers à soie.
A l'arrivée des grosses chaleurs , des
sauterelles s'étaient abattues sur la ville et la campagne
en nuages compacts.
Je me souviens de
l’institutrice, sévère mais très vive,
mademoiselle Redon. Visiblement enceinte, elle qui avait suscité la réprobation
de l'entourage, nous dévoilait avec
complaisance les mœurs redoutables des mantes religieuses, pendant nos sorties
à la campagne et nous infligeait indéfiniment les dissections de ces
orthoptères voraces qu’étaient les sauterelles
Et, enfin éloignée de toutes
mondanités, enfin disponible, je revois ma mère toute proche,
partageant la vie simple des ménagères provinciales et allant avec moi
s'approvisionner à bicyclette jusqu'à Margueritte, chez de bons amis épiciers., à 10 kilomètres de Miliana.
partageant la vie simple des ménagères provinciales et allant avec moi
s'approvisionner à bicyclette jusqu'à Margueritte, chez de bons amis épiciers., à 10 kilomètres de Miliana.
Je n'oublierai pas le soir, nous étant
attardées chez eux à dîner, nous avions été
raccompagnées en carriole par une nuit d'hiver terriblement froide, sous un ciel tout constellé
d'étoiles étincelantes.
raccompagnées en carriole par une nuit d'hiver terriblement froide, sous un ciel tout constellé
d'étoiles étincelantes.
.
CONSTANTINE
Constantine ! J'y ai passé depuis
ma plus tendre enfance toutes les vacances de Pâques.
Images précieuses et vives, ainsi
la singulière maison de mes grands-parents maternels,
située au bout d'une ruelle
banale, mais bâtie en surplomb au-dessus des gorges du Rhumel
et prolongée par un petit jardin carré ouvert sur ce paysage grandiose,
barré par le fameux « Pont Suspendu »
Jasmins d’enfance à
Constantine
Colliers de jasmins ponctués d’éclatants
geranium
proposés au détour d’une rue
Ou
flottant aux cous graciles de jeunes mauresques.
Jasmins pâles, veinés de bleu,
Enlacés aux bois patients et burinés de notre vigne familiale
Dans le petit jardin accroché.aux flancs.des.gorges-
Les senteurs chaudes de ces fragiles fleurs
Innocentes, musulmanes, sensuelles...
Mon jasmin envié, écrasé entre des paumes moites
Qui embaumait la lourdeur de nos siestes.
Enlacés aux bois patients et burinés de notre vigne familiale
Dans le petit jardin accroché.aux flancs.des.gorges-
Les senteurs chaudes de ces fragiles fleurs
Innocentes, musulmanes, sensuelles...
Mon jasmin envié, écrasé entre des paumes moites
Qui embaumait la lourdeur de nos siestes.
De facture orientale, la maison s'enroulait autour d'une cour intérieure pavée de
marbre blanc et décorée de mosaïques. J’en revois la disposition, avec sa grande salle à manger
marbre blanc et décorée de mosaïques. J’en revois la disposition, avec sa grande salle à manger
<de plain-pied, aux
fenêtres ouvertes sur l’extérieur, précédée d’une longue cuisine. .
<tandis que les 6
ou 7 grandes chambres se succédaient au premier étage.
<A droite de
l’entrée, on accédait en descendant
quelques marches à l’ étonnant «medjless
»,
<très longue pièce obscure d'une
fraîcheur constante, qui abritait les nuits de Moïse et d’Esther.
<et servait
également de réserve pour les denrées
fragiles.
<
Autre image fixée à jamais, celle de
ma grand-mère.à notre arrivée rue Constantin.
Nous la découvrions, installée à sa place habituelle toute proche de l'entrée,
parée comme une petite héroïne princière de
conte oriental, avec sa coiffe pointue
de velours sombre ornée de piécettes d'or, en
forme de cône oblique retenu par une jugulaire
et sa gandourah de soie légère froncée
sous un lourd corsage brodé,
De tendres paroles entremêlées de
bénédictions dialectales coulaient de ses lèvres et nous nous
penchions pour l'embrasser tandis qu'elle demeurait assise, le regard humide
d'émotion, les bras tendus vers nous, avec un sourire mystique, me semblait-il.
Image pâlie, mais indélébile, sonorisée par la voix chuchotée de ma mère:
penchions pour l'embrasser tandis qu'elle demeurait assise, le regard humide
d'émotion, les bras tendus vers nous, avec un sourire mystique, me semblait-il.
Image pâlie, mais indélébile, sonorisée par la voix chuchotée de ma mère:
« C'était
une sainte! » et plus basse encore: « morte le jour du
Grand Pardon! »
Très vite, j'échappais à ce cérémonial, entourée par la troupe
exubérante de
mes jeunes cousins qui m'entraînaient au premier étage de la maison, vers les
chambres d'enfants où s'entassaient d'énormes piles de « Semaine de Suzette », et
de Jules Verne en collections Rouge et OL
mes jeunes cousins qui m'entraînaient au premier étage de la maison, vers les
chambres d'enfants où s'entassaient d'énormes piles de « Semaine de Suzette », et
de Jules Verne en collections Rouge et OL
J'allais aussi goûter, le temps des
vacances, aux charmes ennuyeux de la vie
familiale, aux longues tablées de vingt personnes, aux rituels des repas où mon
grand-père MoÏse officiait en grand prêtre, ma grand-mère restant debout,
familiale, aux longues tablées de vingt personnes, aux rituels des repas où mon
grand-père MoÏse officiait en grand prêtre, ma grand-mère restant debout,
entre la cuisineet la salle à manger.
Je les acceptais avec respect comme une
fatalité quelque peu mystérieuse à
laquelle je ne ferais aucune allusion à mon retour dans 'mon entourage non juif,
comme si j'adoptais, par atavisme, un comportement de petite marrane.
laquelle je ne ferais aucune allusion à mon retour dans 'mon entourage non juif,
comme si j'adoptais, par atavisme, un comportement de petite marrane.
Aujourd'hui, est-il possible de faire
revivre ce passé en restant indifférente à
la situation présente. ? Nous recevons des informations angoissantes et incomplètes sur l'état actuel
de ce beau pays, dont le destin persiste à offrir une composante tragique ...
la situation présente. ? Nous recevons des informations angoissantes et incomplètes sur l'état actuel
de ce beau pays, dont le destin persiste à offrir une composante tragique ...
S'abstenir de toutes considérations politiques et
cesser de rêver à nos lieux
d’enfance ?
Y retourner, tout simplement ? Pas si
simple !
dimanche 19 août 2012
Réponse à nos fils
Ecrire sur l’Algérie me paraît
important, mais sûrement pas dans une
perspective de nostalgie stérile.
Cela répond plutôt à un besoin impérieux de me
situer par rapport à ce pays courageux qui, entraîné dans la vaste et générale
secousse de décolonisation, a fini par
arracher, on sait à quel prix de part et d’autre, son indépendance sans être, hélas
épargné pour autant par de nouveaux écueils.
Comment expliquer que ces communautés
d’Algérie, autres que celles des indigènes musulmans, se soient soustraites spontanément à ces
processus de réorganisation politique, puisque sans l’ombre d’un doute sur le
bien fondé et l’urgence de leur départ, elles ont rejoint la France, fortes de
leur condition de citoyens français, acquise près d’un siècle plus tôt ?
De même que les descendants de colons français, ou
méditerranéens, surnommés « pieds-noirs », se sont sentis contraints
d’abandonner rapidement leur pays, je pense à l’exode massif de l’été 1962
auquel, par coïncidence, je me suis
trouvée mêlée dans un train bondé qui partant de Marseille amenait à Paris une
foule de rapatriés d’Algérie), nous, français de souche algérienne, n’avons pas
davantage envisagé, à de très rares exceptions près, de rester au pays. Conscients
des difficultés inéluctables qui se profilaient à l’horizon,traumatisés par les
violences d’évènements qu’il a bien fallu nommer « guerre », nous trouvions
opportun de rejoindre la chère France de nos livres d’école ..
Quoi qu’il en soit de l’épopée
« Pied-noir », je n’en fais pas partie, ayant par libre arbitre
quitté Alger en 1952. Ma famille, loin de s’être implantée en Afrique du
Nord autour des années 1830 était déjà
présente à l’arrivée des français depuis des temps éloignés, sans doute,
L’Algérie est donc notre terre ancestrale, nous y avons laissé les maisons, les tombes, les vestiges de nos
ancêtres. Son abandon sans retour peut ainsi apparaître comme une troublante et
délibérée rupture de la longue chaîne des générations. Rupture qu’il faut bien reconnaître comme
telle pour aider nos enfants à se situer dans cette discontinuité peu rassurante.
Au nom de quels romantiques prétextes
déciderait-on de ne plus y faire allusion, et même de n’y plus retourner, de ne
pas superposer aux souvenirs idéalisés les images contemporaines d’une Algérie
en mutation ?
Peut-être est-il encore opportun d’y
conduire les nôtres et de leur rappeler, sans inutile accent
pathétique : « Voici les lieux où une longue lignée de vos
ascendants a vécu, y compris vos grands-parents maternels et votre
mère. » Faut-il attendre que
les tensions se dissipent pour accomplir ce nécessaire pèlerinage aux
sources ?
A l’arrivée, nous n’avons plus la même patrie
que nos frères d’outre -mer,
mais
nous conservons une terre natale commune : l’Algérie.
Paris Février 2001
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